Pourquoi je voterai Socialiste le 7 juin 2009!!!

Publié le par labo67

Jean-Luc Mélenchon, qui fait campagne pour les listes du Front de gauche associant son nouveau « Parti de gauche » et le PCF, dénonce la cogestion socialiste de l'Union européenne. Mais qu'en est-il vraiment ?


Les rapports de forces au sein du Parlement européen sont connus de tous : la gauche dans son ensemble y est minoritaire. Elle ne peut imposer ses positions qu'au prix de compromis avec les autres groupes politiques. Le groupe du PSE (Parti socialiste européen), qui rassemble les élus des partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes, est le deuxième en nombre de députés, après celui du PPE-DE (Parti populaire européen-Démocrates européens), regroupant quant à lui les députés de la droite conservatrice et du centre-droit démocrate-chrétien.


Lorsque le PSE vote des textes avec le PPE et/ou d'autres groupes (cf. http://www.votewatch.eu), il le fait après avoir négocié et obtenu des compromis sur la base de ses propositions. Cette culture du dialogue et du compromis, je dirais cette culture de gouvernement - si le terme n'était pas, malheureusement, si décrié - n'est la marque ni d'une compromission ni d'un reniement, mais la simple prise en compte des rapports de forces politiques. Elle est nécessaire, voire consubstantielle à l'Europe d'aujourd'hui, que ce soit au sein du Parlement, qui représente les citoyens européens ou au sein du Conseil, où se réunissent les représentants des gouvernements des 27 Etats membres, ou bien encore au sein même du triangle institutionnel constitué par le Parlement, le Conseil et la Commission. Le vote de la fameuse Directive Services (initiée par F. Bolkestein), est un exemple de la validité de cette démarche, qui a permis d'éviter le pire, dans le cadre d'une législature où la droite était et est encore majoritaire.


La ligne de fracture entre les maximalistes (tel Jean-Luc Mélenchon) et les réformistes n'est de loin pas une nouveauté dans l'histoire du socialisme. Les premiers refusaient jadis la démocratie parlementaire à raison du caractère « bourgeois» de ce régime ou bien encore l'introduction d'un salaire minimum parce que cela aurait rendu le capitalisme plus acceptable et la révolution plus difficile. Ils dénonçaient hier les « sociaux-fascistes », sinon les « sociaux-traîtres », à l'époque du « classe contre classe », comme ils vitupèrent aujourd'hui contre les « sociaux-libéraux », accusés d'avoir abdiqué face aux forces du « Grand Capital ». Ne rien concéder pour ne finalement rien obtenir, sinon la certitude d'être les gardiens de la pureté de la doctrine. Tel est leur crédo.

 

Les seconds, les réformistes, quant à eux, considèrent qu'on ne peut pas changer le système politique et économique de l'extérieur. Ils ne remettent pas à un hypothétique « grand soir » l'espoir d'un changement, même progressif, qui améliorerait notamment les conditions de vie et de travail dans nos sociétés en mutation.


La gauche européenne n'a certes pas toujours été à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre d'elle, notamment à la fin des années 1990 où elle était majoritaire au Conseil (sans l'être au Parlement). La construction d'un projet politique commun, progressiste, est un travail long et patient. Le manifeste du PSE en vue des élections européennes de juin prochain est une étape dans la modification du rapport de forces actuel, si l'on souhaite un changement politique réel en Europe, c'est-à-dire une réorientation des politiques européennes. Mais il reste encore beaucoup à faire pour convaincre que l'Union européenne doit préserver et renforcer les services publics, notamment dans les secteurs de l'éducation et de la santé, qu'elle doit devenir une puissance publique capable d'agir pour la régulation de l'économie mondiale et la transformation de notre système de production et de consommation, en prenant en compte les exigences du développement durable, qu'elle ne doit pas être uniquement un « grand marché » mais aussi un espace de solidarité et de citoyenneté.


On peut espérer que la crise actuelle aura remisé au placard les vieilles lunes de la pensée néo-libérale et des pratiques managériales qui ont triomphé au cours des trente dernières années.  Derrière le discours qui vantait le « moins d'Etat, moins d'impôts, moins de contraintes réglementaires », se profilait une catastrophe économique, sociale et écologique. C'est aussi la quasi-totalité de l'activité humaine, que ce soit dans la sphère publique ou dans le secteur marchand, qui est passée sous l'emprise du discours comptable et gestionnaire dont l'objectif est de maximiser la performance individuelle et la rentabilité, sans que jamais plus on ne se pose la question des besoins collectifs et du bien-être commun.

Il est maintenant grand temps de repenser le rapport entre travail et capital, de mettre en avant la nécessaire redistribution par une fiscalité progressive, la restauration des garanties et des protections collectives, l'investissement dans l'avenir (petite enfance, éducation, recherche), la préservation des ressources naturelles, la juste répartition des richesses entre le Nord et le Sud et la promotion d'un nouveau modèle de développement. La France et l'Europe doivent retrouver le chemin de l'égalité et de la solidarité.


C'est le sens des propositions formulées par les socialistes dans cette campagne des élections européennes : mise en œuvre des grands travaux d'équipement collectif et d'infrastructures transeuropéens, financés par des emprunts publics levés par la Banque Européenne d'Investissement ; investissement dans les nouvelles énergies ; augmentation substantielle de l'effort de recherche, d'innovation, d'éducation initiale et tout au long de la vie ; promotion des politiques industrielles, commerciales, monétaires communes afin de défendre et de renforcer le poids de l'économie européenne dans le monde ; conclusion d'un « Pacte européen du Progrès social » afin d'assurer à tous - retraités, demandeurs d'emplois, salariés peu qualifiés - un revenu décent et une protection sociale : instauration de salaires minimaux dans tous les États membres, qui devraient atteindre 60% du salaire médian de chacun des pays, étape vers un salaire minimum européen ; amélioration de la législation européenne garantissant les droits des salariés (conventions collectives, durée du travail, détachement des travailleurs, statut des stagiaires), etc.


Le caractère inégalitaire, autoritaire, répressif et régressif des politiques mises en œuvre par le Gouvernement de Nicolas Sarkozy attise, exacerbe, la légitime colère d'une majorité de Français, menacés chaque jour davantage par l'érosion de leurs revenus, de leurs droits et de leurs libertés, quand ce n'est pas par la perte de leur emploi. Ailleurs en Europe, une gauche dite « radicale », comme Die Linke (La Gauche) en Allemagne, concurrence la social-démocratie. Le contexte de grande coalition (CDU-CSU-SPD) n'est dans ce cas pas étranger au maintien d'une force contestataire à la gauche du SPD, mais il ne faudrait pas sous-estimer les insuffisances de la politique menée naguère par G. Schröder, initiateur d'un improbable « Nouveau centre », peu soucieux des intérêts immédiats des salariés et déconnecté du vécu et des aspirations d'une partie de la population.


Le centre, précisément, voudrait incarner en France, à travers la figure de François Bayrou et sous l'étiquette du Modem, le seul rempart contre la droite sarkozyenne. Si son discours est pertinent quand il défend les libertés publiques, le principe du pluralisme et les valeurs démocratiques face, d'une part, à la brutalité et à l'autoritarisme des politiques gouvernementales et, d'autre part, à la concentration des pouvoirs opérée par l'hôte de l'Elysée, en revanche il manque encore de crédibilité, dans cette campagne européenne, lorsqu'il aborde la critique du capitalisme et les méfaits du « laisser-faire ». En effet, le groupe auquel adhèrent les députés du Modem au Parlement européen, l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe (ALDE), est très largement favorable à la concurrence tout azimut et à la dérégulation. Que les élus du Modem fassent alors comme Francesco Rutelli (Parti démocrate italien), avec lequel François Bayrou a fondé en 2004 le Parti démocrate européen : qu'ils rejoignent les rangs du groupe socialiste européen après le 7 juin ! L'Europe a besoin d'une majorité progressiste !


Par ailleurs, des partis nationalistes, réactionnaires et xénophobes connaissent partout en Europe des succès électoraux. Le discours qu'ils promeuvent est toujours plus « décomplexé ». En Italie, la Ligue du Nord propose ainsi des mesures ouvertement discriminatoires pour ne pas dire ségrégationnistes à l'égard des étrangers.


Dans ce contexte politique, économique et social particulièrement tendu et malgré les critiques que l'on a pu formuler à l'égard des socialistes français et européens, il n'en demeure pas moins que le Parti socialiste européen est la seule force capable, collectivement, de changer les politiques de l'Union européenne et donc des Etats membres. Le 7 juin, je voterai socialiste.



Guillaume Delmotte - Strasbourg, le 16 mai 2009



Ce texte est une version remaniée et augmentée d'un article publié sur le site http://www.changerleurope.fr/ où l'on peut retrouver le manifeste du PSE et le programme des socialistes.

 

Et le lien vers Alsatic TV  avec l'intervention de Catherine Trautmann  du 15/5/2009:


http://www.alsatic.com/visio.php?emission=16&date=15%2F05%2F2009

 


Publié dans Europe

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